Au Kenya, la quatrième édition des Jeux olympiques maasaïs s’est tenue en décembre dernier à Kimana, région proche du parc d’Amboseli, aux pieds du Kilimandjaro. 160 jeunes Maasaïs se sont affrontés lors d’épreuves particulières afin de protéger les lions. L’histoire remonte à 2012. Cette année là plusieurs chefs de villages maasaïs se retrouvent entre eux. Ils sont préoccupés par la disparition des lions dans leur région. Or, les lions revêtent une importance toute particulière pour eux. En tuer un à la lance est un rituel de passage à l’âge adulte.
La pratique de ce rituel, appelé Olamayio, existe depuis la nuit des temps mais là, la situation est critique. La population de lions au Kenya est passée de 30 000 à moins de 2000 en à peine 50 ans. Certes, l’Olamayio n’est pas seule en cause. Le braconnage, l’élevage ou encore l’urbanisation galopante ont aussi leur part dans cette hécatombe. Que faire alors pour à la fois maintenir une tradition et protéger les lions ? L’idée leur est venue de créer des Jeux Olympiques maasaïs au cours desquels les jeunes pourront montrer leur courage en chassant des médailles plutôt que des fauves ! David Rudisha, 33 ans, double champion olympique du 800 m et recordman du monde de la distance, a de suite donné son accord pour être le parrain de ces olympiades africaines qui, tous les deux ans, permettent désormais aux jeunes de se défier autrement et de s’engager utilement en faveur de la protection de la nature.
En décembre, 160 athlètes amateurs, 120 hommes et 40 femmes, se sont donc affrontés dans des épreuves sportives inscrites aux JO qui correspondent le plus à l’esprit de l’Olamayio : sprint, 800 m, 5 000 m, lancer du javelot, saut en hauteur. Avec quelques variantes locales. Ainsi du saut et du lancer de disque. Pour le saut, les participants doivent bondir le plus haut possible pour toucher une corde avec le haut de leur crâne, référence à l’Adumu, la danse maasaï par excellence. Le lancer de disque a, quant à lui, été remplacé par le lancer de rungus, massues de bois, armes traditionnelles des moranes, nom des guerriers maasaï, pour se protéger de leurs ennemis et des bêtes sauvages. Les vainqueurs des différentes épreuves n’ont pas reçu de médailles mais des têtes de bétail, ce qui est tout aussi, voire plus important, pour ce peuple d’éleveurs !