A l’occasion de ses cinquante ans d’indépendance, le pays accueille à Kasane, du 25 au 28 avril, la dixième Conférence sur l’écotourisme et le tourisme durable (ESTC) qui va rassembler plus de 50 pays désireux de faire du tourisme « un levier économique viable respectueux des hommes et de l’environnement ».
Le tourisme durable est en effet une autre manière de lutter contre les dérèglements qui touchent la planète. En assurant une juste rétribution et un meilleur partage des revenus avec les populations locales, le tourisme durable permet en effet de lutter contre la déforestation, le braconnage et d’autres formes de pillage des ressources naturelles. Le gouvernement botswanais a depuis longtemps choisi cette voie afin de préserver sa faune et sa flore uniques ainsi que les incroyables paysages du delta de l’Okavango, de Chobe etc…
Il est vrai que le fait de posséder sur son territoire la plus grosse mine de diamants au monde, source d’importants profits, a permis au gouvernement de faire le paris d’un tourisme haut de gamme et sélectif. Un système de certification touristique a été mis en place dès 2009. Son objectif : proposer aux voyageurs des produits en accord avec les principes écologiques, via un ensemble de critères stricts. Chaque lodge est ainsi soumis à des normes très contraignantes de construction.
Il repose sur cinq principes :
- minimiser les impacts sociaux, culturels et environnementaux négatifs ;
- optimiser une redistribution équitable des profits du tourisme en faveur des populations locales ;
- optimiser les revenus du tourisme afin de financer la protection de l’environnement ;
- éduquer les visiteurs et les populations locales à l’importance de protéger l’environnement, source de revenus ;
- proposer aux visiteurs des expériences de qualité.
Résultat, le delta de l’Okavango a été admis, dès 2014, dans le Top 100 des destinations touristiques durables avant d’être admis, la même année, au patrimoine mondial de l’UNESCO !
Le tout nouveau lodge de la marque &Beyond qui a ouvert à l’automne 2015, le Sandibe Okavango Safari Lodge, s’inscrit naturellement dans cette politique. Et le manager du Sandibe de préciser : « Ici, la terre appartient au gouvernement. Les lodges sont construits dans des concessions louées pour 15 ans. L’idée est que chaque lodge soit démontable et avoir le minimum d’impact dans la nature si jamais la concession n’était pas renouvelée ». Aussi, lorsque la première concession du Sandibe est arrivée à son terme, le groupe &Beyond a pu la prolonger en proposant un nouveau projet.
Les anciennes structures en béton du lodge précédent ont été remplacées par une architecture en bois sur pilotis imaginée par l’architecte Sud-Africain Nicholas Plewman et mis en œuvre par le cabinet anglais Michaelis Boyd. Neuf mois de travaux, un ballet de milliers de camions à travers la brousse, 6 millions de dollars d’investissement ! Mais le résultat est remarquable. Invisible au milieu des arbres, une immense coque en bois accueille les visiteurs, dos rond de bardeaux tout juste percé d’une porte. A l’intérieur, la nature se fait plus présente.
Des arbres poussent au milieu de la structure en bois grande ouverte au soleil couchant. A droite, le restaurant, au centre, des sièges profonds pour se relaxer, à gauche, en haut des marches, le bar et l’accès à la terrasse qui domine une mer de papyrus, terrain de jeu des hippopotames. La décoration est simple, résolument africaine avec ses paniers tressés, ses bols en bois et ses bouquets de cornes d’animaux. De là partent deux chemins qui, se faufilant entre les arbres, mènent à douze bungalows sur pilotis, autant de nids accueillants et discrets disséminés dans la nature. Vaste chambre avec salle de bains ouverte, belle terrasse avec petite piscine et vue imprenable… nul doute que le luxe s’est bien invité en brousse.
Seule entorse à la notion de durabilité : l’électricité qui assure air conditionné et eau chaude en continu. Si le lodge a gardé un groupe électrogène, 80% de son énergie sont désormais fournis par des panneaux solaires.
Pour cette première au Botswana, le Sandibe a été élu cette année « Best Eco Conscious or Socially Conscious Hotel » par les Gold Key Awards for Excellence in Hospitality Design. Depuis, d’autres lodges lui ont emboité le pas, encouragés par le gouvernement d’un pays qui importe 100% de son énergie. C’est désormais une des obligations du cahier des charges imposés par les autorités locales. Un autre volet de ce cahier est la protection de la nature. Chaque lodge se doit de veiller sur la faune et la flore de sa concession soit en recrutant ses propres rangers soit en faisant appel à des entreprises privées.