Mémoire d’éléphante

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Zimbabwe, parc national de Hwange

Rendons à César ce qui lui appartient. Ce ne sont pas les éléphants quoi ont de la mémoire, mais plutôt les éléphantes.

Dans son livre « Sur les épaules de Darwin » (Ed. Babel, février 2014), Jean-Claude Ameisen, chroniqueur sur France Inter, relate plusieurs études réalisées entre 2001 et 2011 sur une vingtaine de familles d’éléphants dans le parc d’Amboseli, au Kenya. Ces études, faites  par un groupe de chercheurs menés par Karen McComb, portaient sur l’importance du rôle de la matriarche dans la survie de son groupe.

Les troupeaux d’éléphants sont en effet constitués de 8 à 15 animaux, essentiellement des femelles de tous âges et de jeunes mâles menés par la femelle la plus âgée : la matriarche. Les mâles quittent le groupe vers l’âge de 15 ans pour une vie en solitaire. Ils ne rejoindront le groupe de femelles qu’à la saison des amours. C’est donc la matriarche qui assure la cohésion de son troupeau.

En compilant les nombreuses observations faites sur ces familles d’éléphants, les chercheurs ont mis en évidence que plus la femelle est âgée, plus elle a de l’expérience et plus son groupe à des chances de survivre longtemps et de croitre en nombre. Par exemple, une vieille femelle sait que la présence de plusieurs lionnes n’est pas un problème majeur pour les éléphanteaux. En revanche, la présence de deux lions mâles en est un car eux sont capables de tuer ensemble un éléphanteau. Elle réagira donc différemment en fonction de ces paramètres, ne stressant ses congénères qu’en cas de réel danger.

De son côté, une matriarche plus jeune mettra son groupe en position de défense même en présence de lionnes, occasionnant ainsi un stress inutile aux autres. « La présence d’une matriarche âgée donne au groupe une capacité de prendre rapidement des décisions collectives adaptées, et de faire des choix collectifs qui bénéficient à chacun de ses membres« . Reprenant la formule de l’écrivain malien Amadou Hamâté Bâ selon laquelle « En Afrique, lorsqu’un vieillard meurt, c’est toute une bibliothèque qui brûle », il écrit : « Dans le monde des éléphants, quand nous tuons une vieille matriarche, c’est la mémoire et la sagesse ancestrale d’un groupe que nous détruisons ». Et Jean-Pierre Ameisen de citer un autre livre remarquable, à lire absolument sur ce sujet : « Les racines du ciel », de Romain Gary.

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